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Critique 6 courts-métrages de Bertrand Mandico | |||||||
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![]() La séance a commencé avec LE CAVALIER BLEU projeté en 35mm. Rappelant le cinéma de Jan Svankmajer, Bertrand Mandico y anime en stop-motion des créatures difformes faites de dents, d'yeux, des éléments squelettiques et d'objets divers. Avec une photographie sépia, l'univers déployé est fou et macabre. Bien qu'on ressent des influences, la personnalité de Bertrand Mandico ne laisse pas de place au doute quant au soin qu'il apporte à l'aspect visuel. C'est esthétiquement très détaillée et intense. Chaque recoin à ses détails et les différents personnages crées par assemblages fonctionnent à merveille. Pas de macabre pour le film suivant, un homme se retrouve pendu et hissé en haut d'un arbre encore vivant dans IL DIT QU'IL EST MORT. En noir et blanc cette fois-ci, on y voit un groupe de personnes d ![]() LIVING STILL LIFE lui va encore plus loin. Là aussi ça se passe dans un monde dont on ne sait rien et là aussi les scènes d'extérieur sont filmées à travers l'herbe au sol. Par contre LIVING STILL LIFE est vraiment macabre, et en couleurs. Une femme jouée par Elina Löwensohn va récupérer des dépouilles fraîches et les anime dans son atelier. Réalisées avec de vrais cadavres, les séquences en stop-motion sont incroyables tant les animaux morts ont l'air plus vivants que la femme qui les anime. Avec une précision folle dans l'animation et la photographie, chaque poil prend vie, du lapin au cheval. L'organique et le végét ![]() Le travail sur les couleurs est aussi remarquable dans S...SA...SALAM...SALAMMBÔ. Vivant isolée dans sa maison en pleine nature, une femme n'y est cependant pas seule. Là, l'écran est divisé en deux parties, l'une pour la femme, l'autre pour une entité qui veille sur elle, incarnée par une Elina Löwensohn entièrement bleue par la lumière. En quelques minutes on est hypnotisé encore et toujours par l'esthétique visuelle très poussé et abouti qui rappelle entre autres les courts-métrages expérimentaux de Kenneth Anger, et à Bertrand Mandico de nous surprendre toujours. Pour les deux derniers films, NOTRE-DAME DES HOR ![]() DEPRESSIVE COP raconte l'enquête d'un policier américain dépressif sur la disparition d'une jeune fille. Celui-ci fait plus penser à de la parodie et nombreuses sont les comédies sur les policiers typiquement américains avec leurs casquettes et leurs mésaventures, comme a pu le faire Quentin Dupieux récemment. La narration est éclatée, Elina Löwensohn joue la fille disparue ET sa mère, elle devient borgne en court de film. DEPRESSIVE COP ne va jamais où on l'attend, et il ne faut pas s'attendre à y voir un film d'enquête. On pourrait croire que le genre en fasse un film plus classique mais non, Bertrand Mandico le remplit toujours de son imagination débordante. Le cinéma de Bertrand Mandico c'est ça, une tête armée d'un rasoir, l'ascension d'un pendu, une âme bleue, un cadavre de cheval éclairé en rouge, un sexe féminin faisant office d'interrupteur, un œil dans une tasse, de la végétation beaucoup et Elina Löwensohn énormément. C'est aussi une façon à l'ancienne de faire du cinéma. Trucages élémentaires, couleurs, lumières, demi-Bonnettes, tout ce que l'on voit dans ses films a été filmé. Pas d'effet spécial ni d'ajout en post-production. Les effets sont parfois visibles, ça foisonne d'idées narratives et visuelles et c'est toujours techniquement très abouti. Regarder les films de Bertrand Mandico est comme se plonger dans un bazar inépuisable. Aux Hallucinations collectives 2017 on a pu en voir six, pas deux ne se ressemblaient, et il en reste encore plein à découvrir.
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