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ANNEE 2011 | |
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Entretien Adam Rehmeier | |||||||
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![]() Sueurs Froides : Je dois bien t'avouer que ton film est assez perturbant dans la mesure où la forme est très travaillée alors que le fond est quasi inexistant. On peut se demander quel est réellement le but d'un tel film si ce n'est de vouloir choquer les spectateurs. Adam Rehmeier : Oui, je suis d'accord et heureux que tu aies remarqué le travail sur la forme. Le but du film n'est pas de divertir. C'est un film personnel et intime. Rodleen, l'actrice principale, est quelqu'un de très particulier. Elle a été enlevée, kidnappée, comme son personnage, il y a des années. Donc ce film est très personnel pour elle, cathartique même. Elle a été capable de libérer son angoisse, ses peurs, à travers le processus d'écriture et d'interprétation. Nous n'avons pas créer le film pour que les gens qui viennent le voir au cinéma soient divertis. Nous le voulions grotesque et répulsi ![]() Sueurs Froides : Rodleen Getsic est vraiment impressionnante de véracité. Adam Rehmeier : Elle n'a rien mangé durant 40 jours avant le tournage ! C'est une musicienne, une chanteuse très talentueuse. C'est son premier film, c'est une bonne amie à moi, on a passé des années, avant que le film ne se fasse, à faire des photos ensemble et de la musique. THE BUNNY GAME est d'ailleurs presque un film musical abstrait. La voix de Rodleen en est l'instrument principal. C'est moi qui ai fait la musique pour le film, j'ai construit l'ambiance musicale autour de la mélodie créée par cette voix. Lorsque j'ai fait le montage sonore, j'ai d'abord privilégié les cris, la voix, puis j'ai utilisé ma musique en guise d'accompagnement. Sueurs Froides : Jeff Renfro, le camionneur, fait froid dans le dos. Est-ce un acteur ? Adam Rehmeier : C'est un vrai conducteur de camion, pas un acteur. Je l'ai ![]() ![]() Sueurs Froides : Lars Von Trier disait à l'époque de EPIDEMIC® (1987) qu'un film doit être comme un caillou dans une chaussure. Adam Rehmeier : C'est vrai pour mon film, mais je n'ai pas l'ambition de faire d'autres films de ce genre. Celui-ci était strictement lié à ma collaboration avec Rodleen et à notre envie de faire un film d'horreur. Le prochain est beaucoup plus facile, accessible à presque toute la famille, plus posé, dans un style très simple, presque documentaire. Il est presque terminé et se nomme JONAS. C'est l'histoire du gars à la camionnette blanche que l'on voit à la fin de THE BUNNY GAME. Mais ce n'est pas une suite, ça se passe des années plus tard, Jonas a trouvé Dieu... Sueurs Froides : D'où provient l'idée du titre THE BUNNY GAME ? Adam Rehmeier : C'est venu lors d'une improvisation sur le tournage. À un moment, j'avais ce masque de lapin et j'ai dit à Jeff de dire à Rodleen « we're gonna play the Bunny Game » et il l'a murmuré de façon si effrayante que j'ai su que j'avais le nom de mon film. C'est ambigu, presque mignon, comme un jeu d'enfant et ça créé un parfait contraste avec les images que je montre. J'écris aussi des chansons mais je ne les nomme jamais avant, le titre vient toujours après. C'est pareil pour les titres de mes films, ils arrivent toujours une fois qu'ils sont terminés. Sueurs Froides : Le film vient d'être banni en Angleterre. Adam Rehmeier : En fait, la BBFC n'aime pas voir des femmes en péril. On avait un distributeur, Trinity Film, qui devait le sortir en dvd et peut être dans quelques salles. Mais là ils ne peuvent plus sortir le film tel qu'il est, sans coupes. Je pense que c'est injuste. Mon film n'est pas issu d'un gros studio, c'est une œuvre personnelle qui contient notre cœur et notre âme. Ils peuvent nous bannir mais ça ne nous découragera pas. Ils imposent des jugement moraux pour une nation entière. C'est absurde, nous sommes en 2011, on devrait être au-delà de la censure. J'ai d'ailleurs refusé de me censurer sur le tournage. Je suis fier de THE BUNNY GAME et je me fous un peu de ce que pense la censure, ils peuvent aller se faire voir. L'Angleterre est le seul pays pour le moment où le film a des problèmes. Je pense que le Japon va aussi m'en créer car il y est impossible de montrer des organes génitaux, mais je préfère que les scènes soient pixellisées que coupées. J'ai un distributeur pour l'Allemagne et l'Autriche, Illusions Unlimited, qui sortira le film dans sa version intégrale. Je suis à la recherche d'un distributeur pour la France... Merci à Adam pour l'interview. Merci à Patrick Suhner pour l'organisation de l'interview. Lire la critique de THE BUNNY GAME
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