
Si l'on regarde de plus près la filmographie de Roy Ward Baker, on s'aperçoit que ce talentueux et sous-estimé metteur en scène n'a pas oeuvré que pour la Hammer Films mais également pour l'Amicus. Ancien assistant réalisateur, il, accède à la réalisation en 1947 et nous donne en 1960 un curieux western pédérastique (LE CAVALIER NOIR) qui allait marquer de son empreinte quelques films qu'il réalisa par la suite où le fétichisme, le lesbianisme et la transsexualité marquaient une Angleterre encore puritaine : LES CICATRICES DE DRACULA, VAMPIRE LOVERS et DOCTEUR JEKYLL ET SISTER HYDE.
Il signe également un excellent QUATERMASS AND THE PIT, troisièm

e opus des aventures du professeur Quatermass et un décevant thriller intergalactique : MOON ZERO TWO. On peut dire qu'avec Amicus, il réalisera l'un de ses meilleurs films (ASYLUM), démontrant par la même occasion que la terreur psychique de notre inconscient peut mener à la folie. La même année, il met en scène AND NOW THE SCREAMING STARTS sur un scénario écrit par Roger Marshall d'après une nouvelle de David Cases : Curse of Fengrifen.
Au cours d'une soirée de débauche, le Comte Henry Fengriffen fait interruption dans la cabane d'un de ses vassaux qui vient de se marier. En état d'ébriété, il viole la femme et se retrouve frappé par le mari. P

ar punition, il fait couper la main du vassal à coup de hache. Celui-ci lui prédit qu'une malédiction s'abattra sur la famille des Fengriffen. 50 ans plus tard, le dernier descendant des Fengriffen vient de se marier avec Catherine. Le couple s'installe dans l'ancien manoir du Comte. Dès lors, la jeune mariée est assaillie par des phénomènes surnaturels. On fait appel à un spécialiste des sciences occultes, le Docteur Pope mais il ne pourra rien faire devant l'implacable malédiction ancestrale.
On retrouve dans ce film, un hommage au CHIEN DES BASKERVILLE de Terence Fisher. En effet, Sir Hugo de Baskerville est très proche du Comte Fengriffen. To

us deux sont des hommes vils, paillards et peu scrupuleux. Si l'un est flanqué d'un chien en guise de ma-lédiction, ici c'est une main coupée qui tourmente le descendant des Fengriffen ! La dite main se veut également une référence à deux autres films : LE TRAIN DES EPOUVANTES et HISTOIRES D'OUTRE TOMBE. L'oeuvre regorge de moments forts où le spectateur sursautera de toute évidence sur son fauteuil ! Les trucages sont magnifiques et saisissants : cette main coupée qui hante les sombres couloirs de la demeure et qui se jette sur ses victimes, l'apparition d'un visage ensanglanté aux abords des fenêtres, portraits et lustres qui bougent, miroirs qui explosent ! Rien ne nous est épargné et les acteurs jouent avec une réelle conviction. Stéphanie Beacham est sublime dans le rôle de la jeune épouse sur laquelle la malédiction va s'abattre et qui l'entraînera vers la folie meurtrière ! On retrouve avec plaisir notre bon Peter Cushing, la chevelure légèrement bouclée qui joue là le rôle d'un scientifique totalement dépassé par les événements... Patrick Magee et Ian Ogilvy (ancien acteur fétiche de Michael Reeves) complètent également la distribution.
Roy Ward Baker a su réaliser un film fort, mené tambour battant, dans lequel le spectateur se demande constamment comment tout cela va bien finir.