ORIGINE Bolivie | ![]() |
ANNEE 2012 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique Barbazul | |||||||
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![]() Bar ![]() La dernière adaptation de BARBE BLEUE nous vient de Bolivie, par le biais de l'équipe de Pachamama Films dont les fers de lance sont Jac Avila et Amy Hesketh. Actrice, productrice et scénariste, Amy Hesketh endosse pour la deuxième fois la casquette de réalisatrice (après SIRWINAKUY, en 2010) afin de livrer sa propre vision de ce personnage universellement connu (tout en écrivant le scénario et incarnant l'une des victimes de Barbe bleue). Tournée dans La Paz et ses environs, cette adaptation contemporaine s'avère exotique à plus d'un titre, non seulement au niveau du cadre mais aussi au niveau du traitement choisi pa ![]() Barbazul (contraction de Barba Azul, Barbe bleue en espagnol) est interprété par un Jac Avila terrifiant à souhait, mélange de Landru par son côté séducteur (charmant ses proies) et d'Albert DeSalvo (l'étrangleur de Boston qui tua une douzaine de femmes durant les années 1962/1964). Il parvient à donner du corps à un être somme toute médiocre, et dont la vie est axée sur certaines habitudes. Une routine telle qu'il utilise toujours le même mode opératoire lorsqu'il séduit une femme. Celle-ci doit être avant tout soumise à ses désirs, généralement d'ordre sexuel, où Barbazul montre un goût prononcé pour le sadomasochisme ![]() Dans la forme, le film est structuré sur l'alternance entre le temps présent, avec le personnage de Soledad en tant que dernière « conquête » de Barbazul, et le flashback, lorsque Soledad découvre le journal intime de son amant et apprend ce qui est arrivé aux anciennes maîtresses de Barbazul. Le spectateur suit alors chacune des victimes du tueur en série, depuis la première rencontre jusqu'à la mise à mort. Les actrices de BARBAZUL font preuve, dans l'ensemble, d'un grand sens du réalisme lorsqu'elles subissent le châtiment suprême de la part de leur tortionnaire. Les meurtres, qui s'apparentent à de longues agonies, semblent si réels que le spectateur ne peut s'empêcher de ressentir un sentiment de malaise. Belles performances, donc, de la part de Mila Joya, Veronica Paintoux et Amy Hesketh dans les passages concernés, qui suivent en règle générale une scène érotique. Il est évident qu'Amy Hesketh s'est attachée à décrire (avec efficacité) les liens étroits entre Eros et Thanatos, couple indissociable que tout oppose et pourtant réunit, et qui s'avère être un sujet très prisé dans les arts depuis plusieurs siècles. La mort et l'érotisme sont donc deux piliers de cette œuvre dans laquelle Amy Hesketh fait preuve d'une grande maturité malgré son jeune âge. On a hâte de découvrir son quatrième long métrage (en post-production à l'heure où cette chronique est rédigée), OLALLA, d'après une nouvelle de Robert-Louis Stevenson publiée en 1885, et où il est question d'une famille de vampires. Après avoir adapté Barbe bleue et le Marquis de Sade (avec LE MARQUIS DE LA CROIX), Amy Hesketh puise à nouveau son inspiration à travers la littérature classique, et, tout comme Jac Avila avec DEAD BUT DREAMING (tourné en 2013), aborde à son tour le thème du vampirisme. Décidément, voilà un duo qui n'a pas fini de nous surprendre. La Bolivie serait-elle la nouvelle terre d'asile du cinéma indépendant ? Au vu des résultats de Pachamama Films ces dernières années... oui, à n'en pas douter.
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Barbazul (bluebeard) | DVD Toutes zones | 39 € |