ORIGINE Taïwan | ![]() |
ANNEE 1967 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique Dragon Inn | |||||||
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![]() Son plan échoue et les enfants, accompagnés des gardes, sont protégés par deux voyageurs qui pensent avoir affaire à des bandits de grand chemin. Les commandants décident alors de piéger le convoi des exilés, plus loin dans un passage obligé vers la frontière avec le territoire Mongol, à l'auberge du Dragon, un endroit particulièrement désert en cette saison. C'est là que convergent les trajectoires de plusieurs personnages qui, par le jeu du hasard, vont se retrouver propulsés au beau milieu de cette intrigue politique. Réalisé en 1967, c'est la première réalisation taïwanaise de King Hu. Réalisateur chinois, il a fui la Chine en 1949 suite à l'invasion de l'Armée rouge. À Hong Kong, il entame une carrière de dessinateur de publicité puis travaille pour le ci ![]() DRAGON INN est considéré comme un film important ayant révolutionné le Wu Xian Pian en lui apportant sa modernité. Ce genre cinématographique chinois s'apparente au genre littéraire wuxia signifiant « film de chevalier errant » ou « film de sabre chinois » et qui prend naissance sous la République de Chine dès les années 20. L'INCENDIE DU MONASTÈRE DU LOTUS ROUGE (1928) est le premier succès du genre. Interdit à partir de 1930, le Wu Xian Pian finit par déménager à Hong Kong. Le genre y connaîtra son âge d'or dans les années 60, quand s'inspirant des films de sabre japonais tels que LES SEPT SAMOURAÏ de Kurosawa, les studios de la Shaw Brothers les adaptent à la culture chinoise. Cependant, ce n'est qu'en 2000 avec le succès mondial de TIGRE ET DRAGON de Ang Lee que le genre se fera connaître en occident. Le film de King Hu, datant des années 60, possède une re ![]() On retrouve dans DRAGON INN des personnages charismatiques et puissants, notamment celui campé par Shih Chun : un énigmatique héros qui tient tête sans ciller aux hommes de main de l'eunuque. Il apporte, par son attitude nonchalante, une bonne dose d'humour dans les combats car il utilise finalement peu son sabre, lui préférant bol de nouilles brûlantes ou baguettes pour se défendre ou riposter. À sa manière de tenir tête et de jouer au justicier, il rappelle le héros sans nom interprété par Clint Eastwood dans la saga du dollar de Sergio Leone. L'autre personnage charismatique est féminin. Hsu Feng joue une femme déguisée en ho ![]() L'humour distillé par les dialogues autant que par la manière de combattre peu ordinaire de certains personnages, donne une légèreté au film qui, par moment, s'enfonce dans le huis clos, frôle le film de guerre et aborde un message politique qu'on distingue assez aisément. C'est l'humour donc qui donne toute sa profondeur au film et surtout sa fluidité. Il permet de rendre les personnages moins sérieux et donc plus accessibles, apportant au film un aspect moins manichéen. Là encore, cet aspect important rejoint le chef-d'œuvre LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND. La musique de Chow Lan-Ping est très importante, d'autant que le montage s'axe sur le rythme de la musique, aussi bien pour l'action que pour faire monter la tension avant un affrontement inévitable. La composition musicale adjointe du jeu des acteurs, en passe de devenir des stars, et d'une mise en scène ciselée, dynamique, utilisant au maximum les outils et les effets de l'époque, font de DRAGON INN un film efficace et brillant. S'il a un peu vieilli (essentiellement du fait du rythme plus lent qu'aujourd'hui), le film n'en demeure pas moins d'une beauté envoûtante, entre les plans soigneusement composés, la musique et un casting à la hauteur de ses ambitions. Il est impossible de rester de marbre face à ce chef-d'œuvre qui n'était jamais sorti en France jusqu'à sa restauration par le Taïwan Film Institute et sa distribution par Carlotta Film. N'hésitez donc pas à découvrir ce cinéaste rare à l'humour féroce, dont les films sont souvent traversés par un regard sur son pays natal. Notez que King Hu ne s'est pas restreint au film de sabre puisqu'il a abordé d'autres genres avec THE STORY OF SUE SAN, un mélodrame féministe. Il a également inspiré les plus grands cinéastes de Tarantino à John Woo. Étonnamment, King Hu reste, malgré ses chefs-d'œuvre, méconnu en France. Heureusement la sortie en version restaurée de DRAGON INN et de TOUCH OF ZEN va permettre aux cinéphiles français de faire connaissance avec son cinéma.
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King Hu : Dragon Inn + A Touch Of Zen | BLURAY Zone B | 40 € |