ORIGINE France | ![]() |
ANNEE 1974 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique Glissements progressifs du plaisir | |||||||
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![]() ![]() Alice, une jeune fille accusée du meurtre de l'amie avec qui elle vivait, est internée dans une institution religieuse. La détenue clame son innocence auprès d'un magistrat qui lui rend visite dans sa cellule ; cependant, ses propos sont incohérents et elle semble plutôt amusée par la situation. Progressivement, Alice révèle un caractère morbide, une attirance pour le sang et une capacité à envoûter les personnes qui la côtoient trop longtemps...Alors que le mystère s'épaissit autour de la jeune fille, son avocate vient lui rendre visite ; cette dernière ressemble trait pour trait à Nora, la jeune femme qu'Alice aurait assassinée... GLISSEMENTS PROGRESSIFS DU PLAISIR est le sixième long-métrage d'Alain Robbe-Grillet qui y prolonge et y approfondit son univers créé vingt ans auparavant sur un éclatement des codes du récit de fiction et un ressassement de motifs obsessionnels. Le film débute par une série de plans montés cut et sans lien narratif apparent si ce n'est la présence en des lieux et des moments épars de celle qui en sera l'héroïne : Alice, incarnée par la très belle Anicée Alvina (ÂMES PERDUES, chef d'œuvre méconnu de Dino Risi, 1975). La première séquence post-générique est un montage alterné qui semble respecter un début d'intrigue classique pour mieux déstabiliser le spectateur : les deux moments filmés en parallèle (la course d'une voit ![]() C'est à l'intérieur de ce dispositif qui joue sur la porosité entre vérité et mensonge, entre le réel et son simulacre, que se développe un univers mental façonné par le désir érotique. Ce dernier, auréolé d'interdit, se manifeste à travers la convocation par le réalisateur-érotomane des figur ![]() Mais, loin d'être une femme-objet (même de désir), le personnage d'Alice est celui qui organise de façon active ce mystérieux univers certes un peu trop abstrait et hermétique par moments. En effet, le réalisateur fait de son héroïne maléfique attirée par le sexe et le sang sous toutes ses « formes » une sorte de créature subversive tenant à la fois de la vampire et de la sorcière, un être un peu supérieur aspirant à une liberté totale et sans entraves. De manière un peu symbolique, Alice incarne alors le désir en lutte contre la société forcément répressive et représentée tour à tour par le policier, le magistrat, le prêtre, les religieuses. Alice est aussi certainement pour l'auteur une incarnation de l'éternel et insaisissable mystère féminin...Un peu trop théorique sur le fond, GLISSEMENTS PROGRESSIFS DU PLAISIR est une œuvre d'une belle tenue formelle qui révèle un vrai sens du cadrage, de la composition des plans et de l'art du montage (voir notamment la mise en valeur iconique des objets et des motifs récurrents comme le cercle). La photographie de toute beauté permet de mettre en avant le talent de coloriste du réalisateur et l'utilisation du rouge dans le film est esthétiquement remarquable. Conseillons aux détracteurs d'Alain Robbe-Grillet qui ne voient dans ses longs-métrages que d'ennuyeux exercices de style prétexte à déshabiller de jolies femmes soumises de revoir ce sixième essai, plus ludique que le plus léger des films de Jean-Luc Godard et plus érotique que tous ceux de Michelangelo Antonioni réunis ! Sorti quelques mois avant le triomphal EMMANUELLE de Just Jaeckin et son érotisme bon chic bon genre (Alain Robbe-Grillet fera jouer son interprète, Sylvia Kristel, dans son film suivant, le sulfureux LE JEU AVEC LE FEU, 1975), GLISSEMENTS PROGRESSIFS DU PLAISIR sera éreinté par la critique française, attaqué par les féministes pour misogynie aggravée et l'Italie, sur ordre du Vatican, en interdira la distribution.
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