ORIGINE Espagne | ![]() |
ANNEE 1973 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique L'esprit de la ruche | |||||||
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![]() Dans un petit village de la Castille rurale de 1940, Ana et Elisabeth, deux fillettes d'une dizaine d'années, assistent à une projection du film FRANKENSTEIN (James Whale, 1931). Marquée par le spectacle, Ana s'invente une créature et la recherche dans les environs d'une ferme abandonnée, en marge du village. Le film est tourné au début des années '70, alors que le régime franquiste est à l'agonie, tandis que l'action qu'il dépeint prend place dans l'Espagne rurale de 1940, au sortir de la guerre civile qui a permis à ce même régime de s'imposer. Pourtant, l'intrigue est toute en retenue et allusions et n'égratigne jamais directement ou explicitement le pouvoir. Tout procède de l'interprétation qu'on greffe aux images et ![]() Le fantastique est distillé à dose infinitésimale. A vrai dire et pour notre part, nous ne le classons aucunement dans le genre fantastique. Ce dernier s'exprime ici uniquement par de légères notes d'ambiance : le final vaporeux avec Ana en chemise de nuit dans un décors évoquant le gothique, les paysages désespérément plats de la campagne opposés à ceux d'une montagne pourvoyeuse de champignons, les teintes sépia et terreuses de la nature, qui contaminent jusqu'à la gamme chromatique du vi ![]() Le film ouvre en exergue par une citation de l'écrivain belge Maurice Maeterlinck, tirée de son essai(m) « La vie des abeilles » (1901) : « L'esprit de la ruche ? Où est-il ? » En fait, c'est moins de fantastique que de décalage dont il est question. A y regarder de plus près, les métrages abondent qui jouent du point de vue de l'enfant sur le monde adulte, sont situés dans un univers rural figé et adoptent un ton dramatique masqué derrière une approche sereine. L'exemple le plus évident est le superbe REFLECTING SKIN (Philippe Ridley, 1990) qui décline la perversi ![]() Plastiquement, le film renvoie aux compositions picturales d'un Vermeer (dont les œuvres ont également été recrées dans LA JEUNE FILLE À LA PERLE), notamment pour l'emploi de la lumière. On retrouve également trace de l'influence du peintre espagnol Zurbaran. Ce dernier n'est pas inconnu de nos lecteurs puisque ses tableaux ont ouvert deux classiques de Jess Franco : NECRONOMICON et SUCCUBUS. A condition de ne pas s'arrêter à l'absence de fantastique explicite, le lecteur de Sueurs Froides fera son miel de ce SPIRIT OF THE BEEHIVE. Maurice Maeterlinck lui-même n'a-t-il d'ailleurs pas un jour dit : « Heureux les yeux qui n'ont pas besoin d'illusion pour voir que le spectacle est grand. »
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