
Production à budget réduit, CHAMBER OF HORRORS constitue un petit divertissement nostalgique pas désagréable à suivre mais laborieux et sans grand intérêt. Son scénario, tout d'abord, n'innove guère et accumule les clichés en dépit de quelques passages bien troussés rappelant, dans ses meilleurs moments, les grandes heures de la littérature populaire.
Jason Crevette est un malade, un vrai, un pur et dur. Un de ses passe-temps consiste, par exemple, à épouser une fille qu'il vient d'étrangler en menaçant le prêtre officiant la cérémonie d'une arme. Après diverses péripéties, Crevette finit par être arrêté par un policier intrépide et envoyé en jugement. Déclaré sain d'esprit par un médecin, il évite l'asile d'aliénés (youpi !) mais est condamné à mort (aïe !) par le juge Walter Randolph. Cependant, lors de son transfert vers le pénitencier, Crev

ette parvient à fuir en sautant d'un train après avoir tranché sa main menottée à une lourde pièce de métal. Supposé mort, Crevette change d'identité et devient Jason Caroll, préparant sa revanche contre les hommes qu'il juge responsable de ses malheurs, à savoir le médecin, le juge et le policier l'ayant condamné.
CHAMBER OF HORRORS devait, à l'origine, constituer le pilote d'une série télévisée inspirée par L'HOMME AU MASQUE DE CIRE (celui avec Vincent Price) et centrée sur un musée de cire empli d'effrayantes reproductions. Quoique terriblement plat selon les standards actuels, ce pilote fut, à l'époque, jugé trop « horrible » pour une diffusion télévisuelle. La solution trouvée fut donc de le sortir dans les cinémas en le gonflant d'une petite demi-heure et, surtout, en l'agrémentant d'un étrange gimmick dans la tradition des films de Willi

am Castle. Dès le pré-générique, une voix sentencieuse invite le spectateur à détourner le regard lors des séquences les plus éprouvantes de ce CHAMBER OF HORRORS, lesquelles nous serons indiquées par un avertissement visuel et sonore surnommé le « Fear flasher ». Durant quelques secondes, l'image se fige avant de se teinter de rouge tandis qu'un cor bruyant retentit. Un procédé amusant mais dont l'utilisation annihile forcément tout suspense ou effet de surprise puisque le spectateur est prévenu de la moindre scène « choquante » dix secondes à l'avance. Double déception : les passages supposés atroces s'avèrent suggérés et pourraient aujourd'hui figurer dans un programme familial de début de soirée. Bref, pas de quoi justifier un tel procédé...mais les producteurs souhaitaient probablement donner à ce film routinier un soupçon d'originalité et, àce titre, le « fear flasher » remplit adéquatement son office. Notons cependant un climax amusant versant dans un Grand Guignol macabre de bon aloi qui parvient à rehausser quelque peu le niveau général d'une production sinon assez quelconque.
En effet, si le métrage possède quelques idées et séquences sympathiques, ses origines télévisuelles se révèlent, hélas, évidentes et l'ensemble manque cruellement de rythme. La version initiale de CHAMBER OF HORRORS ne durant qu'une soixantaine de minutes, il fallut la « gonfler » pour son passage dans les salles obscures. D'où de nombreuses scènes sans grand intérêt, le film étant bavard et languissant, ce qu'une construction en parallèle ne peut guère masquer, les deux intrigues constituant la charpente de ce CHAMBER OF HORRORS semblant entretenir peu de liens entre elles jusqu'au final, lui, plutôt réussi. D'un côté nous avons droit aux investigations d'un duo de détectives de l'étrange et, de l'autre, les exactions d'un maniaque homicide joué avec beaucoup de panache par un excellent Patrick O'Neal. Une belle performance donnant un certain piment à l'ensemble mais pas vraiment suffisante pour transformer ce petit budget en classique du genre, loin de là.
En dépit d'une durée restreinte (moins de 90 minutes), CHAMBER OF HORRORS parait par conséquent bien longuet et peine à maintenir l'intérêt du spectateur. Le peu de budget et de moyens, patent, conduit aussi à un film manquant de panache et ressemblant bien davantage à un épisode de série télé (ce qu'il était au départ !) qu'à un véritable métrage de cinéma. Toutefois, les amateurs de curiosités rétro au charme suranné devraient y trouver matière à un plaisant et très acceptable divertissement.
Frédéric Pizzoferrato 14/07/2010 |
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