ORIGINE UK | ![]() |
ANNEE 1964 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique La poupée diabolique | |||||||
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![]() Ecrire à propos d'un film plus d'un demi-siècle après sa réalisation peut s'appréhender de plusieurs manières. Par exemple en resituant le film dans son époque, ou au contraire en lui appliquant une grille de lecture contemporaine. Le choix d'une méthode plutôt que l'autre permet parfois de réévaluer ou au contraire de déconsidérer un film prisé ou ignoré par l'autre. Ici, on se facilitera la tâche : LA POUPÉE DIABOLIQUE ne brille pas plus à l'œil contemporain qu'elle n'a enchanté les mirettes du spectateur de 1964, n'en déplaise à certains de ses thuriféraires. L'oeuvrette appartient au gothique anglais du pauvre, encore engoncé dans la structure fort classique du micro budget qui, de toute éternité, est trop souvent le lot commun du ciném ![]() Pour faire bref, des héros aussi amidonnés que leurs costumes sauvent de chastes donzelles, à la fois potiches et proies, de quelque escogriffe encapé avec cette « vigueur » qui fera, bien plus tard, école dans les Derrick d'un après-midi lymphatique. LA POUPÉE DIABOLIQUE reprend laborieusement tous les passages obligés du genre : les médecins aussi suffisants qu'impuissants, les parents désemparés, le vilain charismatique (important, ne ratez pas votre grand méchant), le manoir, marque du classicisme chic et de la tradition que vient confronter le héros qui, lui, incarne par sa profession de reporter une modernité autrement plus dynamique... Bien que doublé à l'époque, La poupée diabolique semble n'avoir pas connu de distribution en salles françaises. On n'ira pas jusqu'à soutenir que le public a manqué une étape essentielle de l'évolution du genre. IMDB lui recense un titre d'exploitation belge, LA POUPEE SANGLANTE, mais sans que la Cinémathèque royale de Belgique n'ait conservé trace d'un distributeur belge. En filigrane, on retrouve la trame qui a servi au décalque du scénariste : l'inévitable Dracula de Bram Stocker, remis au gout du jour quelques années plus tôt par le triomphe de la Hammer. Gardez à l'esprit les situations, personnages et motivations du roman, vous en retrouverez nombre d'éléments dans LA POUPÉE DIABOLIQUE, le plus évident restant le remplacement de la morsure par l'hypnose pour capter l'innoce ![]() Autre influence déterminante, quoique jamais explicite, le vaudou. Sur ce point, on se gardera cependant de vous dévoiler plus avant l'intrigue. Il est toujours amusant de voir l'époque ou le contexte de production exsuder d'un scénario. Par exemple l'origine américaine du héros - nommé cependant « English » ! - pour mieux vendre le film aux USA par ses producteurs qui y étaient installés tout en étant originaires d'Albion. Par exemple encore du passage berlinois qui permet d'une part de mieux surligner le méchant (l'Allemand est encore, en 1964, un ancien « boche » pour un certain nombre de spectateurs potentiels) mais pourrait presque invoquer les mânes de quelques illustres prédécesseurs expressionnistes. On s'amusera des situations peu crédibles d'un hypnotiseur qu'une salle de spectacle entière - dans cette encore très prude époque - laisse sans réagir torturer (l'homme persuadé qu'on va l'exécuter) ou humilier (la femme soumise à strip-tease dans la version alternative américaine) ses victimes. Mais après tout, notre propre époque n'a-t-elle pas érigé l'humiliation et la « torture » en spectacles-roi dans les innombrables téléréalités et autres jeux de survie. Les années '60 ont vu l'érotisme s'inviter de manière lourdement allusive au début, plus explicite par après, dans le cinéma fantastique. En 1964, La poupée diabolique nage encore entre deux eaux. N'éta ![]() Si LA POUPÉE DIABOLIQUE nous a laissé sur notre faim, c'est aussi par cette tare de trop de bandes fauchées : l'absence d'action. Entre les postures hiératiques et les discussions de gentleman, l'intrigue patauge. L'ensemble reste par trop statique et la progression navigue entre poncifs et deus ex machina (et plops, la révélation berlinoise). Et on s'en voudrait de vous spoiler le final... si ce n'est cependant pour signaler une poussée plus dynamique, lors d'un combat qui nous réveille enfin tout ce beau monde. LA POUPÉE DIABOLIQUE, on l'a dit, c'est du micro budget, 25.000 livres sterling de l'époque semble-t-il. Et ça se voit : les plans serrent les comédiens, quelques stock-shot figurent le voyage à Berlin, l'ensemble restant confiné en studio, sauf quelques échappées dans manoir gothique - assez peu exploité - et dans un théâtre, qui l'est déjà plus, c'est bien le moins vu le sujet. Dans ces années d'entre deux chromatique, La poupée diabolique se cantonne encore au noir et blanc. On retiendra quand même le magnétisme de Briant Halliday - de la part d'un hypnotiseur quoi de plus normal ? -, et le sujet qui mixe ventriloquie, hypnotisme, vaudou (en quelque sorte). Si pour notre part, c'est insuffisant à susciter notre franche adhésion, on vous laisse toute liberté d'en décider autrement. Vous pourrez donc vous faire votre idée avec la sortie française de LA POUPÉE DIABOLIQUE en dvd en 2016 auprès de l'éditeur Artus, infatigable explorateur du passé du genre. Comme à chaque fois, Artus soigne ses produits par des suppléments qui redonnent leurs lettres de noblesse au terme « bonus » : cette fois une scène coupée et une séquence alternative, ainsi qu'une copieuse interview du toujours érudit Alain Petit qui, 38 minutes durant, livre anecdotes et contexte de production.
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La Poupée Diabolique | DVD Zone 2 | 14 € |