ORIGINE Japon | ![]() |
ANNEE 1969 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique La vierge violente | |||||
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![]() LA VIERGE VIOLENTE sort en 1969, une des années les plus prolifiques de Wakamatsu puisque l'on y compte pas moins de six films, dont NAKED BULLET et VA VA VIERGE POUR LA DEUXIEME FOIS. Au premier, Wakamatsu emprunte son univers de petites frappes yakuza grotesques dont le seul but est de progresser dans la hiérarchie du clan. Au second, le huis-clos en plein air et l'atmosphère psychédélique. Le genre du film de yakuza dans le premier cas comme celui du pinku eiga dans le second sont encore ici retraduits par la violence nihiliste du réalisateur, devenant alors prétextes à un discours allégorique sur la condition humaine et celle du couple. Pourtant, LA VIERGE VIOLENTE, malgré ces parallèles, apparaît plutôt comme une oeuvre à part dans la filmographie de Wakamatsu : la visée politique a laissé la place ici à u ![]() LA VIERGE VIOLENTE est encore l'oeuvre de Wakamatsu dans laquelle le souci allégorique apparaît le plus ![]() ![]() Dans le no man's land du décor, les identités se diluent ; d'une troupe à l'autre (les voyous et les tueurs), les mêmes acteurs réapparaissent, se redoublent. Hanako hésite longtemps sur l'identité de Hoshi : se connaissent-ils ou font-ils semblant ? Hoshi, à qui sont accordés les pouvoirs de son bourreau n'est-il pas en réalité le Boss invisible que tout le monde redoute ? Un plan saisissant offre en raccourci l'image du couple et de l'humanité pour Wakamatsu : à la femme violentée, crucifiée et élevée dans un ciel sans transcendance, répond la forme grossière d'un corps renfermé dans un sac auquel s'adjoint une voix désincorporée qui hante le plan. Entre le royaume des anges tueurs et celui des bêtes honteuses qui portent encore une queue à l'arrière, se trouve le royaume de l'homme, créature incertaine, vivant, comme les mystes ou les aveugles de la caverne platonicienne, au fond d'une grotte mais rêvant de lacs immenses et clairs. Le grotesque de la démonstration, assénée ici sans volonté didactique, empêche donc qu'on y saisisse directement la portée érotique promise par le titre et le genre du pinku eiga. Si Luc Moullet dans une préface donnée en supplément au film dans la version de Blaq Out, évoque justement un « érotisme des dunes » -, encore faut-il préciser que cet érotisme est largement détruit par la maladresse et la violence des contacts corporels. Le sexe ressemble ici plutôt à un prurit qu'à une extase joyeuse. Seule la violence d'une balle redonnera à l'ensemble la précision et la beauté qui se trouvaient cachés au creux du grotesque. L'apparition de la couleur au moment du retour d'Hoshi vers Hanako, et l'association du rouge de la cordelette qui retient Hanako avec le sang qui s'écoule de ses blessures dit, dans un plan à l'intensité apaisée, que l'érotisme appartient au rêve et qu'il touche celui qui s'arrête dans la contemplation. L'oeil « saigne » alors symboliquement ainsi que la blessure d'Hanako, la vierge violentée et sacrifiée. Ainsi, de même que le poème est, selon la formule de René Char, l'amour réalisé du désir demeuré désir, peut-être un film est-il pour Wakmatsu la mise à mort d'une viriginité demeurée telle jusque dans sa négation exhibée.
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La Vierge Violente | DVD Zone 2 | 17 € |