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Critique Les héroïnes du mal | |||||||
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![]() Les œuvres ramassées, Borowczyk en est coutumier. Avant de passer aux longs métrages, le bonhomme avait déjà derrière lui une première carrière dans le court, essentiellement d'animation. Et même quand il se redéfinit triplement (dans le long, le « live » et l'érotisme), il constelle encore cette seconde ![]() Quand après LE THÉÂTRE DE M ET MME KABAL, Borowczyk délaisse l'animation, c'est pour se plonger assez rapidement dans le genre érotique alors en pleine explosion, genre qu'il ne quittera presque plus et dont il incarnera un pan plus « intellectuel », à l'instar des films réalisés par le « pape » du nouveau roman, Alain Robbe-Grillet. Si ce dernier est donc à la fois directement romancier et cinéaste, Borowczyk tire quant à lui régulièrement son inspiration d'écrivains : on lui doit par exemple une adaptation de l'Art d'aimer (Ovide). Mais son nom restera indubitablement attaché à l'œuvre d'André Pieyre de Mandiargues qu'il transposera régulièrement : CÉRÉMONIES D'AMOUR, LA MARGE (prix Goncourt en 1967), un sketch des CONTES IMMORAUX (La marée ![]() Pour l'anecdote, nos deux compères tournent autour du succès d'Emmanuelle : le premier rôle de Sylvia Krystel dans LA MARGE fit aussitôt retitrer ce dernier par son distributeur allemand en EMMANUELLE '77. Borowcyk tournera aussi en 1979 un des segments de COLLECTIONS PRIVÉES, dont un autre est à la fois signé Just Jaeckin - réalisateur d'EMMANUELLE - et joué par Laura Gemser (les « Black Emanuelle »). Enfin, Borowczyk en fin de carrière tournera encore EMMANUELLE 5. André Pieyre de Mandiargues, quant à lui, a préfacé l'édition originale du roman Emmanuelle, paru chez Jean-Jacques Pauvert. Au casting des HÉROÏNES DU MAL, on retrouve Marin ![]() On s'amuse de la différence de perception entre pays via le titre : si la France ose accoler au mal le terme « héroïnes », les pays anglo-saxons pointent d'un doigt accusateur les IMMORAL WOMEN. L'Italie prend une voie médiane plus détournée : TRE DONNE IMMORALI ? semble référer au titre anglo-saxon avant qu'un malicieux point d'interrogation n'en prenne le contre-pied. Quant au film lui-même, on retrouve la photographie cotonneuse du réalisateur, assez proche de celle de David Hamilton. Le premier sketch est le plus long. C'est aussi lui qui donne une des affiches d'exploitation, laquelle reproduit les célèbres « Trois grâces », auquel le film fait écho de manière détournée puisque ici les héroïnes sont celles du « mal ». D'autres affiches évoqueront le second segment dans la célèbre séquence voyant Marceline approcher le lapin de son sexe. On retrouve le fantasme de la bestialité déjà au cœur de LA BÊTE. L'ensemble se suit sans déplaisir, mais sans non plus passionner. Le cinéma de Borowczyk est toujours intéressant, mais n'a jamais vraiment produit de chefs d'œuvre résistants à l'usure du temps. A ce titre, le troisième segment nous semble assez faible, tant dans son interprétation que dans ses intentions ou sa mise en scène. LES HEROINES DU MAL est à conseiller aux amateurs de Borowcyk ou aux érotomanes désireux de sortir des sentiers battus du micro budget à la française mais laissera sans doute indifférent une bonne partie du public contemporain. Retrouvez toutes nos chroniques d'Offscreen 2017
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Les Héroïnes Du Mal Epuise/out Of Print | DVD Toutes zones | NC € |