ORIGINE Japon | ![]() |
ANNEE 1960 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique Les salauds dorment en paix | |||||
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![]() Si les BAS FONDS n'a pas entièrement convaincu la critique, lui reprochant notamment le jeu hyperbolique des acteurs et la radicalité du dispositif, il n'en est pas de même avec LES SALAUDS DORMENT EN PAIX sorti en 1960, après LE CHATEAU DE L'ARAIGNEE (1957) et LA FORTERESSE CACHEE (1958), les trois formant une sorte de trilogie inspirée par la matière shakespearienne. Avec LES SALAUDS DORMENT EN PAIX, Kurosawa livre un film noir à la japonaise - avec toutes les réserves que cela comporte vis-à-vis de la définition du genre -. Le film met en scène une vengeance ourdie pendant plusieurs années contre des fonctionnaires corrompus et responsables de la mort d'un bouc émissaire s'étant défenestré d'un imme ![]() Mais l'habileté du film dans la conduite de son récit ne l'empêche pas non plus de se faire le support d'une interrogation morale qui touche le héros, Nishi, principal instigateur de la vengeance : au nom de la justice, doit-il se rendre aussi cruel que les gens qu'il condamne et ainsi sacrifier Yoshiko qu'il vient d'épouser ? Kurosawa double ainsi ce film relevant de ce qu'on pourrait appeler le MURDER AND REVENGE, d'un drame amoureux et moral très réussi dans lequel Mifune excelle par sa retenue et ses élans soudains. Ce double régime filmique se retrouve encore dans le double traitement des décors et l'esthétique choisie : longues focales et expressionnisme renforcé des contrastes pour les scènes extérieures, accentuant la solitude et l'angoisse des personnages au sein de rues désertes ![]() Ce double régime trouve d'ailleurs son expression symbolique dans le handicap qui touche la même Yoshiko qui boîte à la suite d'un accident et se rend à son mariage avec une chaussure plus haute que l'autre. Ce qui au théâtre marquerait une opposition entre style noble de la tragédie (le cothurne élevé) et style bas d ![]() Ce redoublement est aussi celui que l'on trouve dans HAMLET, le chef d'oeuvre shakespearien dont Kurosawa s'est inspiré pour traduire les états d'âme et les hésitations de son héros. La vengeance doit-elle être menée à son terme, et ce pour un père qui n'a même pas reconnu dans le passé celui qui cherche à lui rendre justice ? De même qu'Hamlet met en scène le spectacle de la trahison et la mort du père, de même Nishi se fait-il le metteur en scène de sa vengeance, construisant des fictions et des scénarios pièges pour ses adversaires, parmi lesquels on retient un enterrement truqué très réussi. Derrière le drame social et le réalisme du film noir se dissimule encore l'idée que le monde n'est qu'un grand plateau où tout le monde joue un rôle, renvoyant à la conception shakespearienne du monde comme théâtre. D'un côté la scène, de l'autre l'écran, surface sur laquelle on projette autant qu'elle dissimule, comme font écran les mensonges des fonctionnaires corrompus donnant le change jusqu'à leurs proches. Traverser cet écran et révéler le mensonge est un acte de vérité et de vérité cinématographique. Dans la fiction, père et fils paient ainsi de leur vie la volonté de mettre le mal au grand jour et cette mort s'effectuera en traversant pour l'un et pour l'autre deux écrans symboliques et y disparaissant. De son côté, le réalisateur aura réalisé le constat réaliste et désabusé d'un Japon continuant à porter le mal de sa défaite et des affaires scandaleuses de l'après-guerre. Décidément, comme dans le royaume de Danemark, il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Japon dit Kurosawa.
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