ORIGINE Etats-Unis | ![]() |
ANNEE 1981 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique Massacre dans le train fantôme | |||||
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![]() C'est en 1981, soit la même année que le second épisode d'HALLOWEEN que sort MASSACRE DANS LE TRAIN FANTOME (FUNHOUSE) de Tobe Hooper, sous l'égide d'Universal Pictures, studio également responsable des DENTS DE LA MER en 1975. Ce film, considéré longtemps comme un des maillons les plus faibles de la filmographie de Hooper et jusque là inédit en France, devrait-il être réévalué ? L'occasion est donnée grâce à la sortie en combo blu ray / DVD de l'œuvre chez Elephant Films, de découvrir sous l'habit d'une œuvre mineure un opus passionnant et contribuant à renforcer la cohérence d'un parcours jugé a priori chaotique pour Hooper. Ouvrant la décennie des eighties, le film est d'abord un hommage à la tradition du slasher telle qu'elle s'est imposée à travers Hitchcock (PSYCHOSE), ou plus tard Carpenter (HALLOWEEN). La caméra subjective qui ouvre le film de Hooper, et inspirée du point de vue du tueur Michael Myers chez Carpenter, finit par aboutir au lieu séminal du slasher, à savoir la douche de PSYCHOSE. A cette différence près que la menace n'est plus que factice et que l'on ne tue ici que pour de faux ; mais la remise en cause du genre dont De Palma, plus tard, se fera le chantre à travers ses jeux parodiques, prend un tour plus original en se teintant d'inceste chez Hooper. C'est que pour le réalisateur, l'horreur, que ce soit dans ses conditions de production, dans ses thématiques ou en tant que genre, ne peut échapper à cette notion de « famille » qui faisait déjà le cœur de ![]() Au centre de MASSACRE DANS LE TRAIN FANTOME, on trouve donc une famille dégénérée qui est la descendante de celle qui apparaissait déjà dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE ou encore dans LE CROCODILE DE LA MORT (1977). Mais, par un renversement notable par rapport au premier opus de Hooper, c'est désormais la famille monstrueuse, composée des gens du cirque qui passe du côté du nomadisme, alors que la famille normée ne voyage plus mais est caractérisée par son sédentarisme. Au cirque ambulant, promenant ses monstres de ville en ville s'oppose ainsi l'immobilisme des suburbs et des banlieues américaines. De même, alors que la ferme-abattoir de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE représentait une forme évoluée et décadente de l'habitat des anciens fermiers du western, dans laquelle on aurait échangé les fusils contre des tronçonneuses, l'espace de la foire, le FUNHOUSE du titre original définit, quant à lui, un espace plus difficilement assimilable et paradoxal, à la fois mouvant et insulaire, appartenant au présent de l'attraction spectaculaire en même temps qu'au passé d'une conservation muséale. C'est que, chez Hooper, les valeurs se confrontent les unes aux autres dans un processus ca ![]() Sous son allure convenue, on trouve donc dans MASSA ![]() Il émane ainsi du monstre déguisé en Frankenstein et forcé à servir de larbin du train fantôme et gardien de son musée horrifique, une forme de terrible mélancolie. Les monstres Universal ne sont plus que des fantômes qu'on exploite en même temps qu'on les a bannis hors du genre. A la poésie s'est substitué le spectacle donné par le train fantôme - gigantesque métaphore métacinématographique - d'attractions pop, vulgaires et colorées, qui se donnent pour alibi de retracer une histoire anecdotique et sensationnaliste. Les adolescents partis pour écouter du rock dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE sont ici remplacés par ceux qui constitue le public des drive-in, demandeurs de légendes sanglantes et d'émotions fortes. Dans un cas comme dans l'autre est souligné le détachement d'une génération qui a fait de l'horreur une des formes privilégiées du spectacle et en paie le prix en intégrant pour ainsi dire comme victime le film qu'elle phantasme. Elle n'est cependant pas ici la seule et il est fort tentant de voir dans la fin du monstre une préfiguration du destin à venir de Hooper. Condamné pour avoir révélé aux spectateurs les coulisses du spectacle et en avoir exhibé la machinerie, le réalisateur se fera lui aussi broyer pour s'être trop approché du piège qu'il voulait dénoncer. Des automates effrayants qui ouvrent le générique jusqu'à la machinerie du train fantôme qui clôt le film, MASSACRE DANS LE TRAIN FANTOME n'aura eu ainsi de cesse de moquer la prétention du spectaculaire cinématographique à fabriquer une réalité illusoire qui s'aveuglerait volontairement sur le réel ; à la mécanique plaqué sur le vivant qui fait le ressort du comique s'oppose ce vivant plaqué sur le mécanique qui fait l'horreur et les cauchemars. La réunion de l'un et de l'autre constitue le génome et la recette de l'art hooperien qu'il faudrait réévaluer à sa juste valeur : celle d'un outsider ayant su offrir une voie originale sous forme d'un matérialisme horrifique dans lequel les œuvres contemporaines viennent parfois puiser : le Freak Show de la quatrième saison d' AMERICAN HORROR STORY ou celui des œuvres de Rob Zombie auraient-il pu exister sans le MASSACRE DANS LE TRAIN FANTOME de Tobe Hooper ? C'est peut-être reconnaître le signe de l'importance de cette œuvre dite mineure.
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