ORIGINE Angleterre | ![]() |
ANNEE 2015 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique Moonwalkers | |||||
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![]() Nous sommes en 1969, en pleine guerre froide. Tom Kidman est un agent de la CIA violent et méticuleux. De retour du Vietnam, traumatisé, sa hiérarchie lui confie une mission ultra-secrète qui lui permettra de prendre enfin sa retraite : il doit se rendre à Londres pour convaincre Stanley Kubrick de mettre en scène un faux alunissage d'Apollo 11 en cas d'échec de la mission spatiale. Malheureusement, Tom fait la connaissance de Jonny, probablement le pire manager de rock de l'histoire, une rencontre qui compliquera grandement sa mission. Il faut reconnaître qu'à la seule lecture du scénario, le film s'annonce déjanté, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Antoine Bardou-Jacquet signe ici son premier film et il est assez sidérant qu'une première réalisation soit d'une telle qualité. Un projet ambitieux inspiré d'une incroyable légende urbaine que les cinéphiles et complotistes se racontent autour de cafés froids avec scepticisme et enthousiasme. Cette légende ![]() ![]() C'est donc dans ce contexte de théorie du complot et de fantasme cinéphilique que le film d'Antoine Bardou-Jacquet s'inscrit. Les éléments de cette théorie légendaire furent ainsi repris, détournés et amplifiés pour construire un scénario loufoque, surréaliste et surtout, d'une rare drôlerie. Mais MOONWALKERS n'est pas uniquement une ![]() Pour commencer, c'est un casting cinq étoiles qui nous est proposé. Ron Perlman, dans le rôle de l'agent de la CIA froid et méthodique, Rupert Grint dans celui de manager musical candide et maladroit, et enfin, Robert Sheehan, le colocataire niais, fortement porté sur les substances illicites. Un trio incroyable où les comédiens s'appuient les uns sur les autres afin de faire vivre un texte et des situations incongrues écrites avec un réel sens du rythme. Notons que c'est la seconde fois, après CHERRYBOMB, que Rupert Grint et Robert Sheehan se partagent l'affiche. Le film ne serait également pas aussi réussi sans la réalisation millimétrée et stylisée d'Antoine Bardou-Jacquet. Soutenu par une photographie colorée, rappelant la fin des années 60-70, ainsi que des décors et lumières somptueux, ce premier long-métrage est d'une qualité esthétique irréprochable. Les nombreuses références qui parsèment le film, qu'elles soient issues de la culture populaire, des théories complotistes que nous évoquions précédemment ou du cinéma d'action et de science-fiction, construisent un sous-texte au service de l'humour qui ne remplace cependant jamais les propositions directes de la narration. On pensera enfin aux scènes d'action hallucinantes, d'une violence graphique inattendue, dont le ton ne dénote pas du registre général comique du métrage. Un savoir-faire périlleux qui mélange les styles. De la même manière, les divers personnages de gangsters présents dans le film sont traités avec sérieux pour se fondre petit à petit dans l'ambiance décalée du film. On retrouve ici un peu la façon dont Guy Richi percevait ses personnages dans sa « trilogie », ARNAQUES, CRIMES ET BOTANIQUE, SNATCH, ROCKNROLLA, mêlant les histoires de chacun et utilisant le hasard afin de retourner les situations. Évoquant les conflits de générations, violents à cette époque, s'amusant des mythes liés à la guerre froide et la conquête spatiale et détournant les codes du cinéma policier et de gangsters, MOONWALKERS est une superbe découverte, inattendue de la part d'un si jeune cinéaste. Un potentiel futur auteur et en tout cas, quelqu'un dont on attend vivement les prochains films.
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