ORIGINE France | ![]() |
ANNEE 1981 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique Noires sont les galaxies | |||||
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![]() La série étonne pour plusieurs raisons. La première par son caractère quasi unique dans le paysage audiovisuel français au tournant des années 70-80 qui se caractérise essentiellement par des fictions réalistes ou naturalistes. Loin du BUCK ROGERS ou du feuilleton SAN KU KAI qui règnent sur les petits écrans comme représentants du genre science-fictionnel, NOIRES SONT LES GALAXIES propose une expérience télévisuelle qui serait plutôt à rapprocher de LA POUPEE SANGLANTE et LA MACHINE A ASSASSINER, mini-séries fantastiques inspirées par l'univers de Gaston Leroux. Il règne ici comme là, par-delà la spécificité des genres, le même sentiment d'angoisse sourde et une forme de noirceur radicale qu'on a peu revues depuis. Non que la série de Moosman ne soit non plus sans influence revendiquée. Il est difficile par exemple de ne pas relier cett ![]() Mais la fiction de Moosman est plus complexe que le film de Kaufman ; ce sont cette fois deux races d'extra-terrestres qui se disputent la terre et dédoublent le problème de l'invasion. D'un côté les Exis, race - le nom est transparent - d'exilés prennent l'apparence des humains en endossant leur dépouille de cadavres, seule manière pour eux de résister à la pollution terrestre. De l'autre côté, les Ninx, ennemis des Exis et des humains, massacrent les premiers en leur faisant respirer une graine qui se développe comme plante à l'intérieur de leur corps et finit par les tuer ; quant aux seconds, ils envisagent de les massacrer en masse afin de prendre leur place en investissant de force leur corps. La fiction peut paraître confuse et de nombreux problèmes posés gardent leur mystère : comment par exemple les Ninx s'emparent-ils exactement des humains ? O ![]() Le second point qui fait l'intérêt de la série réside dans le choix de sa distribution disparate et non dénuée de charme. On retrouve ainsi avec plaisir dans le rôle de Coretta, l'empêcheuse de tourner en rond, le minois boudeur de Catherine Leprince qui fit beaucoup pour l'érotisme mutin à la française dans VIVE LES FEMMES !, l' ![]() Enfin, last but not least, l'ambiance générale de la série, à mi-chemin entre l'accumulation foutraque de genres et une noirceur métaphysique n'a que peu d'équivalent dans le monde télévisuel ou cinématographique. Il n'est que de considérer l'ouverture d'un noir d'encre (cela débute par un suicide nocturne)à laquelle succède la scène de deux ambulanciers avinés transportant le corps. Comme si AU COEUR DES TENEBRES se continuait dans l'univers d'une verdeur naturaliste pour finalement s'achever en allégorie psychédélique et nihiliste. Ces sauts stylistiques et esthétiques se retrouvent dans l'ensemble de la série, offrant ainsi de belles fulgurances. Le portrait désolé des banlieues et d'une province sordide et désertée se déchire soudain dans le deuxième épisode par l'apparition dans une friche industrielle d'un laboratoire extra-terrestre, comme si LES ENVAHISSEURS, la célèbre série avait étendu ses tentacules jusque sur notre territoire. Des maisons bourgeoises se transforment en décharges et à l'intérieur de corps à l'expression retenue se mettent à pousser, irrépressibles, des plantes anarchiques si bien qu'on se croirait pendant un instant dans un film de Bunuel. On pourrait énumérer de nombreuses trouvailles de la série, sans parler de la fin, une des plus belles et des plus radicales qu'il ait été donné de voir. Si l'on attend là de la science-fiction pure et dure ou le gore promis parfois, on ne saurait être que déçu et l'on ferait mieux de passer son chemin. Si, en revanche, on trouve dans la beauté du titre un souffle poétique, et si l'on est prêt à se laisser porter par les invraisemblances de la fiction et des jeux d'acteur, on appréciera ce cauchemar à la noirceur lente, profonde et épaisse, à cette vision d'un monde englué dont le récent UNDER THE SKIN de Jonathan Glazer, avec son extra-terrestre à la recherche d'incarnation offre un moderne écho.
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Noires Sont Les Galaxies - L'intégrale | DVD Zone 2 | 22 € |