ORIGINE Italie | ![]() |
ANNEE 1970 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique Photo interdite d'une bourgeoise | |||||||
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![]() En 1970, le Giallo est à peine né que déjà il accouche de son premier chef-d'œuvre : un film qui interroge autant son intrigue que le processus cinématographique lui-même et qui réussit la parfaite osmose entre fluidité de la narration et cohérence du propos. En cela, il flotte comme un parfum de ressemblance avec la figure tutélaire du western italien, Sergio Leone. Les deux génies ont un autre point commun : leurs nombreux plans de regard... dont le sens diffère cependant. Le titre Le foto proibite d ![]() Cette question du regard va d'ailleurs dépasser la réflexion sur le cinéma pour embrasser un champ philosophique qui découle en droite ligne du mythe platonicien de la grotte, ce même mythe qui sera 25 ans plus tard transposé - littéralement cette fois - par le MATRIX des frères Wachowski. Voyons-nous bien l'essence de l'œuvre qui nous est proposée, ou bien sommes-nous enchaînés par nos sens à ne voir que l'ombre du feu, dans le cas présent, l'illusion créée par le cinéaste, pâle succédané d'une réalité qui ne peut que nous échapper ? Nous fabulons, pensez-vous ? Possible. Mais la sur-utilisation par Luciano Ercoli de scènes s'ouvrant sur un protagoniste qui allume une lumière (le feu platonicien) projetant donc lesdites ombres plaide pour nous. La culture italienn ![]() Mais que nous raconte Le foto proibite di una signora per bene ? Eh bien, l'intrigue tourne autour de Minou, jeune femme qu'on devine prude et insatisfaite, mariée à l'industriel Peter. A l'opposé de Minou, son amie Dominique est une femme libre et sensuelle qui se livre à des jeux érotiques au cours desquels elle se photographie en compagnie d'amants. Accusant Peter de meurtre, un maître chanteur exige de Minou son corps pour prix de son silence. Particularité, le visage du maître chanteur est immédiatement révélé, faisant tomber le code du tueur masqué, ou pour le moins inconnu, en vigueur dans nombre de Gialli. De ce fait, le thème de « whodunit » cède le pas au « whydunit » ainsi qu'à un question ![]() L'histoire sort de la plume d'un scénariste prolifique, Ernesto Gastaldi, dont la carrière épouse parfaitement les modes de l'époque : péplums et films de pirates au début des années 60, gothique italien et films d'aventure ensuite, puis le passage obligé du western avant de donner le meilleur de lui-même dans les trois premiers films de Luciano Ercoli (ainsi que dans son quatrième Troppo rischio per un uomo solo, que nous confessons n'avoir pas vu). La famille artistique de Luciano Ercoli regroupe encore sur cette trilogie (jeux des parallélismes, Sergio Leone entrait lui aussi dans la cour des grands en signant une trilogie, celle des dollars) plusieurs acteurs que nous croiserons systématiquement : Simón Andreu, vu ces dernières années dans Bridget Jones 2 ou Beyond Re-Animator. Luciano Ercoli réserve une place de choix à l'ex-mannequin espagnol Nieves Navarro, et pour cause puisqu'il s'agit à l'époque de sa femme. Elle jouera d'ailleurs encore dans son dernier film La Bidonata (1977), poursuivra ensuite sa carrière par quelques « emanuelleries » avant de disparaître des écrans dans les années 80. Notons encore pour allécher le chaland que la superbe musique est signée du Morricone de la grande époque (la BO est disponible chez l'éditeur Dagored). Vous l'aurez compris, ce premier film est donc de maîtrise, même s'il n'atteint pas les sommets des deux suivants. Tous les éléments du cinéma d'Ercoli sont présents dès le départ. En 1977, Luciano Ercoli touche un héritage important et décide de se retirer complètement du cinéma. Comme quoi, l'argent ne fait pas le bonheur (des cinéphiles). Le film serait sorti en France en mai 1972 sous le titre de Photo interdite d'une bourgeoise. On lui connait d'autres titres d'exploitation: Liberté des sens ou encore Les plaisirs de la nuit. Dans la nuit du 29 au 30 septembre 2016, Photo interdite d'une bourgeoise est diffusé sur ARTE.
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