
La jeune Ting Yin est une écrivain ayant déjà trois best-sellers romantiques derrière elle lorsqu'elle décide de changer de registre et d'écrire un roman d'épouvante. Tenue par les délais serrés imposés par son éditeur mais incapable d'avancer dans cette œuvre (nommée "Re-cycle"), la jeune femme voit son quotidien se désagréger tandis qu'elle plonge dans un monde mystérieux. Elle abouti dans un univers en complète décrépitude, menacé par l'érosion, et ne doit son salut qu'à une petite fille qui se propose de la guider afin qu'elle retrouve le monde réel.
Précédé d'une réputation enviable (mais, et c'est déjà louche, davantage relayée par les intellectuels du septième art que par les fans de cinoche de genre), RE-CYCLE est, au final, une terrible déception. L'intrigue, tout d'abord, ne semble pas avoir été finalisée avan

t le premier tour de manivelle et le récit saute donc d'un genre à l'autre sans parvenir à passionner le public.
Durant sa première demi-heure, RE-CYCLE adopte complètement les codes du film de fantôme et refait le coup des gamines spectrales et des cheveux sales traînant dans la salle de bain. Difficile de sursauter et seule la bande sonore, tonitruante, parvient à filer l'un ou l'autre frisson chez les plus émotifs. Ensuite, l'héroïne passe de l'autre côté et se réveille dans une sorte de fête foraine horrifique. Dès lors, l'intrigue de RE-CYCLE tourne court et le reste du métrage s'apparente à une suite de tableaux dantesques, dans le sens littéral et littéraire du terme puisque les frères Pang nous invitent à une nouvelle exploration des cercles de l'Enfer, un Enfer où les choses oubliées finissent de sombrer dans le néa

nt. Cadavres pendus à des branches d'arbres, zombies hagards marchant sur un pont, grotte gluante et matricielle emplie des fœtus des enfants avortés, cimetières où reposent les morts oubliés auxquels les vivants ne rendent plus le moindre hommage, dépotoirs des jouets enfantins délaissés... Les séquences se succèdent, riches en effets spéciaux plutôt convaincants pour les non allergiques aux tripatouillages numériques. Malheureusement, le film n'avance guère, complètement focalisé sur une Angelica Lee devant accomplir une série d'épreuves pour rejoindre le monde réel. Chacun aura reconnu là le schéma classique des jeux vidéos avec leurs niveaux successifs de plus en plus difficiles (quoiqu'il n'ait pas vraiment de progression dans le cas de RE-CYCLE) jusqu'à la révélation finale. Celle-ci a le mérite d'être logique et compréhensible mais, à contrario, elle paraît franchement téléphonée. Les indices, semés par les Pang Brothers, sont bien trop gros pour que cette confession ne paraisse pas évidente. Mais les frères ont au moins le mérite d'assumer leurs prises de position, entre autre au sujet de l'avortement, lesquelles se passent de politiquement correct ou de demi-mesure. Une ultime séquence finale viendra offrir un nouveau petit twist ayant nourri quelques interrogations avant que les frangins ne révèlent eux-mêmes ce qu'ils ont vraiment voulu dire. Là encore, ce n'était pourtant pas difficile à comprendre.
Entièrement bâti autour de ses effets numériques clinquants et d'une spiritualité de bazar, le monde recrée ne possède aucune magie, aucune poésie et le métrage finit donc par ressembler à un clip étiré sur 110 minutes interminables. Parfois c'est joli, parfois c'est même vraiment beau mais, la plupart du temps, c'est surtout fatiguant et excessivement tiré en longueur.
RE-CYCLE ressemble finalement à une suite de tableaux d'intérêt variable. Il s'inspire de nombreuses sources antérieures (les jeux vidéos à la Silent Hill / Resident Evil, LE MAGICIEN D'OZ, divers romans de SF comme "Simulacron 3", adapté à l'écran sous le titre PASSE VIRTUEL, les zombie-movie de Romero, le RING de Nakata, AVALON - et pas seulement au niveau du look visuel - et même le très décrié EXISTENZ de Cronenberg) sans parvenir à trouver vraiment sa voie. Le titre, RE-CYCLE, est donc particulièrement bien choisi et sonne même comme un aveu tant les frères Pang semblent recycler sans beaucoup d'imagination de trop nombreux éléments épars, aboutissant à un patchwork profondément ennuyeux.
Frédéric Pizzoferrato 22/12/2009 |
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