ORIGINE Finlande | ![]() |
ANNEE 2016 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique Samurai Rauni | |||||||
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![]() Ah oui, petit détail, et non des moindres : tout ceci se passe en Finlande ! Et boum, voici l'objet filmique non identifié (OFNI) du moment ! Une bande tournée par quelques frappadingues d'un quelconque village reculé d'un pays relativement peu présent dans le cinéma de genre. Et bien entendu, ça ne ressemble à pas grand-chose de connu, ce qui suscite d'emblée notre intérêt. Le cinéma asiatique a depuis longtemps déjà le vent en poupe sous nos latitudes. Mal digéré, il aura été régurgité par le cinéma occidental à différentes sauces. On se souvient des « westerns sojas » dans les années '70 puis des ninjas américains de la Cannon dans la décennie suivante. On trouve ensuite toute une imagerie ou un ensemble de codes importés du cinéma d'action asiatique et qui percoleront dans le cinéma occidental, jusqu'à l'hommage déférent de Tarantino avec KILL BILL. Mais ici, c'est encore ![]() SAMURAÏ RAUNI est un jouissif mash-up entre le cinéma asiatique, dont sont repris les codes narratifs, et le ... euh... on ne voit pas très bien quoi... on dira un cinéma indépendant nordique, fait de bric et de broc, dont le résultat ne ressemble à rien de connu et n'engendrera pas de successeurs. Une de ces pièces uniques qui ravit l'amateur d'insolite. Très drôle, le film fonctionne sur le décalage. Traitée dans un film japonais, la même intrigue nous baignerait sans doute dans des eaux bien connues, mais transposée abruptement en Finlande, il n'est plus possible de la suivre au premier degré. Les situations, les réactions, les dialogues, tout concourt à nous faire rire, selon ce comique minimaliste et à froid, qui sied si bien à un certain cinéma du Nord. Mention spéciale aux costumes et coiffures du film, aussi magnifiquement loufoques que bigarrés, et qui rhabillent les personnages aux couleurs d'un Japon ré ![]() On pourrait vaguement trouver un cousinage, dans ce principe anachronique, avec les chevaliers à motos du CHEVALIER de Brian Helgeland (2001). Encore que l'analogie sera encore plus parlante avec le KNIGHTRIDERS de Georges Romero (1981) puisque c'est le mode de vie des personnages qui se trouve en décalage avec la société. Enfin, le festival Offscreen, qui programmait SAMURAÏ RAUNI, projetait quelques jours plus tôt THE LOVE WITCH, qui usait pareillement du décalage induit par une microsociété vivant en marge. Et c'est bien de ça qu'il s'agit : tous les personnages de SAMURAÏ RAUNI vivent, s'habillent, parlent, pensent selon les règles d'une société féodale japonaise, alors que le monde qui les entou ![]() SAMURAÏ RAUNI est donc très original, et peut-être moins gratuit dans ce qu'il a à dire que ce qu'une première impression pourrait laisser penser. Nous l'avons adoré. Pour autant, l'esthétique ou l'humour peuvent parfaitement laisser de glace. Le film ne convaincra pas tout le monde. Vous adorerez ou rejetterez avec la même légitimité. Mais nous partons du principe d'une bonne partie du lectorat de Sueurs Froides apprécie les œuvres « autres » et sera encline à lui donner sa chance. SAMURAÏ RAUNI a été projeté en présence des réalisateur et producteurs à l'édition 2017 du festival Offscreen. Update: En avril 2017, nous écrivions que "les salles ne l'accueilleront sans doute pas". Homme de peu de foi que nous sommes... Un peu plus d'un an plus tard, le cinéma NOVA (Bruxelles), qui avait déjà accueilli la première belge du film dans le cadre de l'indispensable festival Offscreen, offre cette fois à Samouraï Rauni une vraie sortie (septembre-octobre 2018). Et comme au NOVA on aime faire les choses correctement, la sortie est accompagnée d'une programmation "Samouraï Gaijin", soit les films mettant en scène des samourai non japonais ou du moins hors contexte: BLIND FURY (1989), THE CHALLENGE (1982), SAMOURAI COP et le premier western soja issu d'Italie: LE CAVALIER ET LE SAMOURAI (Luigi Vanzi, 1968).
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