ORIGINE Russie | ![]() |
ANNEE 2013 | |
REALISATION
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INTERPRETES
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Critique The Major | |||||
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![]() À partir de cet instant on pourrait se croire embarqué dans un polar ayant pour thème la corruption au sein d'une police Russe en roue libre, mais il n'en est rien. Si la corruption des forces de police est bien présente en toile de fond, le film de Bykov prendra rapidement plus la forme d'un thriller psychologique. Cette corruption il ne fera que la survoler, n'oubliant certes pas au passage d'en souligner les implications et compromissions en haut-lieu avec les milieux politiques et affairistes. Grâce au personnage du chef de la police locale, en particulier, dépeint par petites touches comme un véritable parrain. Mais dès que l'on redescend dans la hi ![]() Sans dévoiler l'intégralité de la trame du film, il s'agira en premier lieu de faire pression, et peu importent les moyens (dixit leur chef), sur la mère et le père de l'enfant pour leur faire valider une version « arrangée » de l'accident minimisant fortement la responsabilité de Sobolev. Car celui-ci a bel et bien mis un doigt dans un engrenage mu par une logique implacable, en faisant appel à ses collègues et à leur solidarité. Ce que ne manque pas de lui rappeler au passage son supérieur, regrettant même qu'il n'ait pas supprimé la mère quand il était temps et qui ne craint désormais qu'une chose ; voir débarquer l'équivalent Russe de l'IGS dans son service... Il y aura donc un sérieux ménage à faire. L ![]() Au fur et à mesure du déroulement de l'intrigue, certains des protagonistes feront montre d'un désir de rédemption, ou tout du moins de lucidité à propos de la cohérence impitoyable de ce qu'ils vivent ou sont obligés de commettre. Sobolev lui-même sera le premier de la liste, saisi de violents remords au moment où il quittera les lieux de l'accident, et il n'aura par la suite d'autre volonté que celle de se racheter, quel qu'en soit le prix à payer. La caméra de Youri Bykov semble d'ailleurs vouloir nous impliquer dans tout cela ![]() Question qui ne recueille qu'un long silence perplexe en guise de réponse. En ce qui concerne la réalisation, elle est plus que respectable et d'un grande cohérence avec le propos. Le récit s'étale sur à peine une journée (où aube et crépuscule sont étonnamment similaires...) et l'on a souvent l'impression d'évoluer en temps réel. Les personnages ont peu de temps pour raisonner, et si le spectateur est amené à se questionner il doit également le faire tout aussi rapidement. La presque totalité du film est constituée de plans quasi monochromes baignant dans une tonalité terne et froide, où les gris, les teintes bleutées voire « jaunasses » ou verdâtres dominent. L'exemple le plus parlant pourrait être le commissariat, carrément plongé dans une atmosphère oscillant entre la vieille chambre froide et la fosse sceptique, comme pour mieux évoquer les miasmes et remugles psychologiques qui stagneraient là depuis des lustres. Quand le regard d'un acteur se tourne vers un décor ou un paysage hivernal, celui ci est vaste et vide, sans rien à quoi se raccrocher, faisant ainsi écho au vide des personnages et à leur logique de marionnettes animées par le fatalisme. Enfin, la violence physique n'est pratiquement jamais graphique et clairement étalée. Tout est toujours hors-champ ou traité par ellipse, ce qui démarque beaucoup Youri Bykov du gros de la production actuelle. Jamais un impact de balle, une gerbe de sang ou un plan qui s'attarderait sur un cadavre. Comme pour mieux laisser la place à la violence et aux tensions qui habitent en permanence l'esprit des triste héros de ce drame aux accents Cornéliens et que Bykov met remarquablement en scène. Comme œuvre dont son auteur assume la paternité complète (Scénario, réalisation, montage, musique et rôle de Pasha), THE MAJOR mérite bien plus qu'un coup d'oeil fugace...
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