
Cela ne fait pas très longtemps que la Corée du Sud est un pays démocratique. Après la séparation avec la Corée du Nord, celle du sud, appuyée par les Etats-Unis, a opté pour un régime profondément anti-communiste. C'est ainsi que de nombreux sympathisants communistes se sont retrouvés en prison. L'histoire de THE ROAD TAKEN est celle de
Kim Sun-myung, l'un des plus vieux prisonniers politiques. Emprisonné en 1951, il n'a finalement été libéré que dans les années 90. Le film, quant à lui, se déroule majoritairement dans les années 70. Nou

s suivons ainsi
Kim Sun-myung en prison. L'ambiance au début est plutôt optimiste et tout le monde espère une réunification rapide entre le nord et le sud. Puis, au fur et à mesure que les années passent, la tolérance envers les sympathisants communistes se dégrade de plus en plus jusqu'à ce que l'Etat décide finalement de les convertir, de force même, si besoin est.
THE ROAD TAKEN est un drame mainstream. Il ne s'agit pas ici de décrire les diverses tortures que les Coréens ont infligées à leurs compatriotes du nord. Même si l'intégralité du film se déroule entre quatre murs, l'incarcération n'est absolument pas le thème central du film. Le film se focalise sur
Kim Sun-myung et sur le fait qu'il n'a jamais renoncé à ses idées. Lorsqu'il est question de convertir idéologiquement les prisonniers communistes, nombreux sont ceux qui cèdent face aux agressions des geôliers. Parce qu'il ne tombe jamais dans la facilité, l'héroïsme facile et la mièvrerie,
THE ROAD TAKEN s'avère parfaitement réussi. Touchant et juste, tels sont les mots qui collent le mieux à cefilm. Hong Ki-seong a su rendre sa réalisation discrète et son oeuvre ressemble presque à une sorte de documentaire. C'est un très beau film sur le respect de ses valeurs et de ses idées mais également, plus globalement, sur ce que signifie l'emprisonnement idéologique, la propagande et la pensée unique.
THE ROAD TAKEN s'avère également juste jusqu'au bout puisqu'il n'est également jamais manichéen. Il s'avère évident que son intention n'est nullement de dépeindre les Coréens du Sud comme des bourreaux et ceux du Nord comme des héros. Il évite même la facilité « américaine » qui est de montrer son histoire du doigt tout en se dégageant de ses responsabilités grâce un héros redresseur de tord et auquel peut s'identifier le
spectateur. Dans
THE ROAD TAKEN, il n'y a ni méchants, ni gentils, simplement un homme qui se bat pour ses convictions. Le film est particulièrement subtil. Il s'agit d'une œuvre véritablement forte mais qui, paradoxalement, manque peut-être justement d'un peu d'humanité tant son personnage s'avère raide pour être un véritable chef-d'œuvre.