Witchcraft

Un jeune couple trouve un vieil hôtel en bord de mer qui leur semble idéal pour une séance photo. Surpris par un orage, ils se retrouvent coincés avec d'autres membres de leur famille dans cet établissement abandonné. Durant la nuit, ils deviennent les victimes de l'esprit de la sorcière qui hante ces lieux.

Il n'est jamais évident pour un acteur ou une actrice de profiter du succès d'un film pour lancer sa carrière, surtout lorsque ledit succès intervient très tôt. Cela, Linda Blair l'a appris à ses dépens. Enfant star à l'époque de L'EXORCISTE de William Friedkin, elle est propulsée sur le devant de la scène, à peine âgée de 14 ans, grâce au rôle ô combien mémorable de Regan, la jeune fille possédée par un démon.

C'est un peu le défaut principal de ce WITCHCRAFT, qui se focalise principalement sur son personnage, Jane Brooks, une trentenaire. Le scénario lui accorde tellement d'attention que l'on devine son funeste destin lors de l'arrivée d'une mystérieuse femme qui lui jette un sort. Notre demoiselle se retrouve donc bouleversée par des cauchemars, qui coïncident avec la manifestation de forces surnaturelles dans son entourage. Une situation qui n'est pas très éloignée des tourments de la jeune Regan.

L'évolution de la demoiselle est donc prévis ible, mais ce serait faire fi de toutes les bonnes surprises disséminées ici et là dans le métrage. Tout d'abord, le couple qu'elle forme avec la co-vedette David Hasselhoff, à peine sorti de la série « K-2000 », sonne juste. L'acteur n'en fait jamais trop, comme s'il n'en était pas encore réduit à utiliser ses tics de séducteurs qui feront de lui une caricature. Ici, il reste d'une sobriété bienvenue.

Ensuite, on remarque la différence de partis-pris entre le long-métrage de Fredkin et celui de Laurenti. Dans L'EXORCISTE, l'un des rouages du récit réside dans le doute de l'existence d'un monde paranormal aux accents religieux : si Dieu existe, alors le Diable aussi. De ce fait, en dehors de la spectaculaire scène de l'exorcisme, le long-métrage de Friedkin pouvait presque être appréhendé comme un film réaliste : l'atmosphère crépusculaire du film n'est d'ailleurs pas sans rappeler son polar FRENCH CONNECTION, qu'il avait signé deux ans auparavant. Tandis que dans WITCHCRAFT, le réalisateur s'emploie à concrétiser la présence d'une dimension parallèle régie par une sorcière. Pour ce faire, le metteur en scène emploie des techniques rudimentaires, telles que l'utilisation de filtres sur la caméra ou l'incrustation d'éléments fluorescents comme des points rouges et jaunes dans l'image. Dans le premier film, le monde surnaturel s'inscrit dans le quotidien, alors que dans le second, il s'impose.

Pour résumer, cette production réussit à créer un climat inquiétant avec les moyens de son époque, ce qui lui confère un charme désuet. Laurenti, dont il s'agit tout de même de la première réalisation, parvient à installer une ambiance trouble, à bâtir un suspens en crescendo et même à aligner les scènes marquantes : la mort de la grand-mère, les appels au secours désespérés et les diverses tortures. On en ressort juste un peu déçu en raison d'une fin trop abrupte. Suranné, mais sympathique.

André Côte 06/09/2010